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Une étude du CHUV et de l’UNIGE montre que la réalité virtuelle peut déclencher une réponse immunitaire

Sciences de la vie

20 août 2025

Une étude du CHUV et de l’UNIGE publiée dans Nature Neuroscience montre que des scénarios en réalité virtuelle peuvent activer le système immunitaire humain en l’absence d’agents pathogènes réels. L’étude révèle la capacité du cerveau à anticiper un danger infectieux et à engager l’organisme dans une réponse défensive avant même la présence d’un pathogène. | © CHUV

Une étude du CHUV et de l’UNIGE publiée dans Nature Neuroscience montre que des scénarios en réalité virtuelle peuvent activer le système immunitaire humain en l’absence d’agents pathogènes réels.

Une équipe de recherche pluridisciplinaire du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et de l’Université de Genève (UNIGE) a démontré que le cerveau pouvait déclencher une réponse immunitaire après une exposition à une menace d’infection purement virtuelle. Les résultats, publiés dans Nature Neuroscience, mettent en lumière une forme de communication jusqu’ici inconnue entre le cerveau et le système immunitaire.

L’équipe dirigée par le professeur Andrea Serino, responsable du MySpace Lab au CHUV et professeur associé à l’UNIL, et la professeure Camilla Jandus de la Faculté de médecine de l’UNIGE, a montré que la simple perception d’un avatar malade dans un environnement virtuel suffisait à activer des réponses immunitaires mesurables chez des volontaires sains.

Des perspectives thérapeutiques prometteuses

Environ 250 participants ont pris part à l’étude. Pendant 15 minutes, ils ont été exposés en réalité virtuelle à des avatars humains, dont certains présentaient des signes visibles d’infection tels que des éruptions cutanées, d’autres un visage neutre ou effrayé. L’activité cérébrale a été suivie par électroencéphalogramme et IRM, tandis que des analyses sanguines ont permis de détecter des marqueurs immunitaires. Les résultats ont révélé que l’approche d’un avatar « infecté » suffisait à activer des régions cérébrales associées à la détection des menaces et à la régulation de l’immunité. Fait remarquable, des biomarqueurs typiques d’une réponse immunitaire à une infection réelle ont également été retrouvés dans le sang des participants.

Pour comparer cette réaction à celle d’une activation immunitaire réelle, un autre groupe a reçu un vaccin contre la grippe. Les chercheurs ont constaté des similitudes frappantes entre les marqueurs immunitaires des sujets vaccinés et ceux exposés à l’infection virtuelle.

« Cette étude montre que le cerveau peut anticiper un danger infectieux et mobiliser le système immunitaire avant même la présence d’un agent pathogène réel », ont noté les auteurs.

Ces découvertes pourraient transformer la compréhension des mécanismes psychosomatiques, des effets placebo et des interactions cerveau–immunité. Elles ouvrent également des perspectives thérapeutiques où la réalité virtuelle pourrait un jour être utilisée pour renforcer l’efficacité des vaccins, moduler la réponse immunitaire ou traiter des affections comme les allergies.