
Une équipe de l’Université de Berne détecte du givre sur les plus hauts volcans de Mars
17 juin 2024

Pour la première fois, du givre a été détecté sur les volcans colossaux de Mars, les plus grandes montagnes du système solaire.
Cette découverte a été faite par une équipe internationale dirigée par l’Université de Berne, à l’aide d’images couleur à haute résolution prises par la caméra martienne bernoise CaSSIS, embarquée à bord de l’orbiteur ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO) de l’Agence Spatiale Européenne. La compréhension des endroits où l’on peut trouver de l’eau et de la manière dont elle est transportée est cruciale pour les futures missions martiennes et l’éventuelle exploration humaine de la planète.
Le programme « ExoMars », lancé par l’Agence Spatiale Européenne (ESA), marque la première recherche active de vie sur Mars depuis les années 1970. Le système de caméra CaSSIS, développé et construit par une équipe internationale sous la direction du professeur Nicolas Thomas de l’Institut de physique de l’Université de Berne, observe Mars depuis avril 2018 et fournit des images couleur à haute résolution de la surface martienne.
Une découverte inattendue a été faite à partir de ces images haute résolution par une équipe dirigée par le Dr Adomas Valantinas. L’étude, publiée dans le Journal Nature Geoscience, détaille la détection de givre d’eau au sommet des plus hautes montagnes de Mars, les volcans de Tharsis. Ces volcans, dont Olympus Mons, qui s’élève à 26 km au-dessus des plaines environnantes, se trouvent à des latitudes basses, près de l’équateur de Mars, où l’ensoleillement important maintient généralement les températures de surface à un niveau élevé, ce qui rend la formation de givre inattendue.
Préparer le terrain pour de futures missions d’exploration
Pour identifier le givre, Valantinas et son équipe ont analysé plus de 5’000 images prises par la caméra CaSSIS. Depuis avril 2018, CaSSIS a fourni des observations détaillées de Mars, notamment sur l’activité locale de la poussière, les changements saisonniers dans les dépôts de glace de CO2 et l’existence d’avalanches sèches. Le professeur Nicolas Thomas note : « Le fait que nous puissions maintenant détecter le dépôt nocturne de givre d’eau sur Mars à des longueurs d’onde visuelles et à haute résolution est une nouvelle preuve des capacités scientifiques impressionnantes du système de caméras bernois. »
Bien que les plaques de givre soient très fines – probablement seulement un centième de millimètre d’épaisseur – elles couvrent une vaste superficie. M. Valantinas estime que la quantité de givre représente environ 150’000 tonnes d’eau circulant entre la surface et l’atmosphère chaque jour pendant les saisons froides, soit l’équivalent d’environ 60 piscines olympiques.
La compréhension du cycle de l’eau sur Mars est cruciale pour plusieurs raisons. Elle aide les scientifiques à comprendre le climat de la planète et est essentielle pour établir les ressources clés pour les futures explorations humaines. En outre, elle permet de comprendre l’habitabilité passée ou présente de Mars. Cette recherche inédite menée par l’Université de Berne ne contribue pas seulement à l’étude du climat martien, mais prépare également le terrain pour de futures missions d’exploration.