
L’Université de Berne et RIKEN développent une chimie plus verte pour la production pharmaceutique
25 mars 2025

Une équipe de chercheurs de l’Université de Berne et de l’Institut japonais RIKEN a réalisé une avancée majeure dans le domaine de la chimie durable en développant une nouvelle méthode de synthèse de molécules organiques à partir de sodium et de fer, deux métaux abondants et non toxiques. Cette innovation pourrait ouvrir la voie à une production plus respectueuse de l’environnement de produits pharmaceutiques et de chimie fine.
Alors que la durabilité devient une priorité croissante dans tous les secteurs, l’industrie chimique est sous pression pour réduire sa dépendance à l’égard de métaux rares et coûteux tels que le palladium. La nouvelle recherche, publiée dans Nature Synthesis et financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, démontre que les réactifs organosodiques, autrefois considérés comme trop réactifs pour une utilisation pratique, peuvent désormais être utilisés en toute sécurité et efficacement en combinaison avec la catalyse du fer pour effectuer des transformations chimiques clés.
Cette avancée a été rendue possible grâce à une étroite collaboration entre l’Université de Berne et l’Institut japonais RIKEN, qui ont combiné leur expertise en chimie organométallique et en catalyse pour surmonter les défis de longue date en matière de synthèse durable de molécules.
L’équipe, dirigée par la professeure Eva Hevia du département de chimie, biochimie et sciences pharmaceutiques de l’université de Berne, a collaboré étroitement avec les experts japonais en chimie organique et en catalyse. Ensemble, ils ont développé une réaction de couplage croisé, un processus qui permet à différents composants moléculaires de se lier, en utilisant le sodium comme réactif et le fer comme catalyseur. Cette approche améliore non seulement l’efficacité, mais réduit également considérablement l’empreinte environnementale par rapport aux méthodes traditionnelles.
« Les réactions catalysées par les métaux sont essentielles à la production de produits pharmaceutiques, de produits agrochimiques et de matériaux », explique le Dr Andreu Tortajada, co-auteur de l’étude. « Le remplacement des métaux précieux comme le palladium par des alternatives durables telles que le fer change la donne. »
Les résultats ouvrent de nouvelles possibilités pour l’industrie chimique, qui peut désormais s’orienter vers des modèles de production plus résilients et plus durables, en particulier compte tenu des préoccupations croissantes concernant les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale et la pénurie de métaux. Les chercheurs estiment que cette méthode pourrait également profiter à d’autres domaines, notamment la science des matériaux et les technologies énergétiques.
L’équipe du Dr Hevia prévoit d’étudier plus en détail le potentiel de la chimie organosodique, dans le but de découvrir de nouvelles applications et de redéfinir la manière dont les molécules organiques complexes sont synthétisées à grande échelle.