Des chercheurs du CHUV développent une nouvelle méthode pour étudier les maladies auto-immunes
2 décembre 2025
Des neurones recréés à partir de cellules sanguines d’un patient, utilisés pour étudier le rôle des lymphocytes T CD8+ dans l’encéphalite auto-immune. | © CHUV
Les chercheurs du CHUV ont validé une nouvelle méthode basée sur des cellules souches pour étudier les mécanismes des maladies auto-immunes dans des organes difficiles d’accès, comme le cerveau, ouvrant la voie à de nouvelles avancées dans des pathologies telles que l’encéphalite auto-immune et la sclérose en plaques.
Des chercheurs du CHUV ont validé une nouvelle approche permettant d’étudier les mécanismes des maladies auto-immunes dans des organes où les biopsies ne sont pas réalisables, comme le cerveau. Publiée dans Nature Communications, cette méthode offre la possibilité d’observer directement les interactions entre cellules immunitaires et neurones dérivés de patients, améliorant ainsi la compréhension des troubles neuro-immunologiques.
Les maladies auto-immunes surviennent lorsque le système immunitaire attaque par erreur des tissus sains et peuvent toucher divers organes, des articulations au système digestif, jusqu’au système nerveux central. Comprendre le comportement des cellules immunitaires dans des tissus difficiles d’accès représente un défi de longue date : si les modèles animaux apportent des informations précieuses, ils ne reproduisent pas entièrement la biologie humaine, et le prélèvement direct d’organes tels que le cerveau n’est pas envisageable à des fins de recherche.
Pour contourner ces limites, l’équipe dirigée par le professeur Renaud Du Pasquier, Chef du Service de neurologie et du Laboratoire de neuro-immunologie du CHUV, a eu recours à la technologie des cellules souches pluripotentes induites (hiPSC). Introduite au laboratoire en 2012, cette technique consiste à reprogrammer des cellules prélevées dans un échantillon sanguin ou cutané pour les transformer en cellules souches, qui peuvent ensuite être différenciées en neurones ou en d’autres types cellulaires. Les chercheurs peuvent ainsi observer les interactions entre les cellules immunitaires d’un patient et des neurones génétiquement identiques issus de ses propres tissus.
Vers des thérapies plus ciblées
Appliquée à l’encéphalite auto-immune, une maladie inflammatoire du cerveau, la méthode a permis de démontrer que les lymphocytes T CD8+, souvent appelés « cellules tueuses », ciblent directement les neurones. Grâce au séquençage d’ARN monocellulaire, l’équipe a également identifié une sous-population spécifique de lymphocytes T CD8+ régulateurs, normalement chargés de limiter la réponse immunitaire, qui semble jouer un rôle central dans la pathologie.
Ces résultats valident un nouveau cadre d’étude des maladies auto-immunes cérébrales et pourraient être transposés à d’autres organes difficiles à analyser, comme le pancréas ou le cœur. L’équipe du CHUV applique déjà cette approche à la sclérose en plaques, qui touche environ 18’000 personnes en Suisse. Les premiers résultats suggèrent que cette méthode pourrait améliorer la compréhension de la progression de la maladie et contribuer au développement de stratégies thérapeutiques plus ciblées.