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Le CHUV produit le premier médicament suisse rééquilibrant le microbiote intestinal

Sciences de la vie

29 janvier 2025

Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) a obtenu l’autorisation de mise sur le marché de Swissmedic pour produire un médicament de transplantation de microbiote fécal (TMF), devenant ainsi le premier centre accrédité en Suisse à fabriquer ce traitement selon des normes pharmaceutiques strictes. Cette avancée offre une solution efficace aux patients souffrant d’infections récurrentes à Clostridioides difficile, une affection invalidante qui provoque de violents dérèglements digestifs et un inconfort sévère. Grâce à la précision suisse et à une réglementation rigoureuse, le CHUV veille à ce que seuls les microbiotes les plus sains et les plus équilibrés soient utilisés, permettant aux patients de retrouver un transit harmonieux et de tirer un trait sur leurs désagréments. | © CHUV / Ganguillet Apicha

Le CHUV a obtenu l’autorisation de mise sur le marché de Swissmedic pour produire un médicament de transplantation de microbiote fécal (TMF), devenant ainsi le premier centre accrédité en Suisse à fabriquer ce traitement selon des normes pharmaceutiques strictes. Cette avancée offre une solution efficace aux patients souffrant d’infections récurrentes à Clostridioides difficile, une affection invalidante qui provoque de violents dérèglements digestifs et un inconfort sévère.

La TMF permet de rétablir l’équilibre intestinal d’un patient en utilisant des dépôts biologiques soigneusement sélectionnés provenant d’un donneur en parfaite santé. Transformés en médicament réglementé, ces précieux échantillons sont administrés sous forme de gélules à avaler ou acheminés par des voies plus directes pour garantir que le microbiote atteigne sa destination avec efficacité. Affichant un taux de réussite de 95%, contre seulement 30% pour les antibiotiques, cette approche a bouleversé la prise en charge des patients aux intestins capricieux. Beaucoup rapportent une amélioration quasi immédiate, retrouvant un confort digestif en une nuit seulement.

Contrairement à d’autres pays où le microbiote fécal est classé comme un tissu biologique, la réglementation suisse le considère comme un médicament non standardisable, nécessitant des procédures de fabrication et de contrôle qualité dignes de l’industrie pharmaceutique. Le laboratoire dédié du CHUV applique des critères de sélection stricts, garantissant que seuls les échantillons les plus frais et les plus équilibrés soient utilisés. Les donneurs sont soumis à des tests cliniques et de laboratoire rigoureux, et seulement 10% d’entre eux sont retenus. Chaque donneur agréé fournit en moyenne huit prélèvements par mois, permettant de produire une douzaine de traitements, utilisables pendant deux ans.

Un accès élargi et un champ de recherche en pleine expansion

Le programme TMF du CHUV est le fruit d’une collaboration multidisciplinaire entre les services des maladies infectieuses et de pharmacie. Maintenant que l’autorisation de mise sur le marché est obtenue, l’hôpital entend étendre l’accès à ce traitement à d’autres établissements en Suisse, permettant à davantage de patients d’en bénéficier. Selon la Dre Katerina Tatiana Galperine, responsable du projet TMF, la prise en charge par l’assurance de base est cruciale pour assurer la pérennité du traitement. Une demande est en cours auprès de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) afin de garantir le remboursement des coûts pour les patients concernés.

Au-delà de son application actuelle contre Clostridioides difficile, le CHUV explore déjà de nouvelles pistes dans la recherche sur le microbiote. Grâce à son Centre TMF dédié, des scientifiques étudient d’autres applications médicales potentielles, assurant ainsi à la Suisse de rester à l’avant-garde des innovations en matière de santé intestinale.